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Interview : RKF (artiste)

Interview : RKF (artiste)

Le média LMCB (Les Merveilles du Congo Brazzaville) a obtenu sa première interview avec l’artiste rappeur RKF.

Celui-ci a gentiment répondu à nos questions, que nous retranscrivons ici :

LMCB : Bonjour RKF ! Pouvez-vous nous dire que signifie votre nom d’artiste R.K.F ?

RKF : Bonjour LMCB. Alors R.K.F c’est super simple, cela signifie d’abord « Renaissance Kaourou Fofana ». « Renaissance » c’est par rapport à ma conversion au christianisme et « Kaourou Fofana » c’est mon nom à l’état civil.

Avant d’être chrétien j’avais une certaine vie, certaines habitudes et quand je suis venu à Christ, j’ai renaît de nouveau, j’ai été baptisé et donc j’ai été éclairé par sa parole .

Mais « Renaissance » a aussi deux autres significations car c’est à la fois le nom de mon label et le nom de la première chanson que j’ai écrite (même si cette dernière ne figure pas dans l’album, je la chante souvent à l’église…).

« Renaissance » est un label que j’ai créé parce qu’en France je pense qu’il faut quand même une structure pour pouvoir évoluer correctement.

LMCB : Nous avons deux chansons de votre album qui nous plaisent vraiment « Sa Victoire » et « Comme la Colombe ».

RKF : Vous avez une très bonne oreille car vous n’êtes pas la seule à aimer le morceau « Comme la Colombe », c’est un son qui ressort énormément dans les retours. D’ailleurs j’ai galéré pour faire ce son et aujourd’hui j’en suis très fière.

LMCB : Dans votre morceau « J’ai ouvert mon coeur » vous dites « Toute ma jeunesse je l’ai passé dans la rue, ma mère en a bavé, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs ». Nous voulons donc savoir quelles étaient vos relations avec votre mère dans le passé et comment cela se passe aujourd’hui ?

RKF : Il faut savoir que très tôt je me suis mis à faire des bêtises, vers 13-14 ans, j’ai vendu de la drogue, j’étais dans la rue, j’était clairement dans la délinquance. Forcément les parents ils veulent que leurs enfants partent à l’école, alors que moi je n’y allais jamais, je n’écoutais pas, parfois il y’avais les policiers qui venaient à la maison donc oui je confesse que j’en ai fait baver à ma mère. Mais malgré que j’étais turbulent, j’ai toujours eu un respect pour ma mère, je ne l’ai jamais insulté. Aujourd’hui c’est le bonheur, cela s’est apaisé, je suis même un exemple dans la famille, tout à vraiment changé !

LMCB : On devine que vous avez dû écrire beaucoup de titres, nous aimerons savoir comment vous effectuez votre sélection pour choisir les titres de votre album ?

RKF : Cela se fait au naturel, au feeling. Pour moi c’est un album de présentation qui contient 6 titres (un EP). J’ai donc voulu sélectionner une palette de titres différents pour que le public puise avoir une identité vocale de moi. Il y’a donc à la fois des morceaux chanté, des morceaux plus rap, des morceaux joyeux et des morceaux mélancoliques.

LMCB : Vous nous avez fait savoir que vous êtes en indépendant (en autoproduction), mais êtes-vous vraiment tout seule ou vous avez tout de même une équipe autour de vous qui vous aide ?

RKF : Non, je n’ai pas de parolier, pas d’ingénieur son ou autres, tout vient de moi. Je peux de temps à autres travailler avec des gens qui ont des studios d’enregistrement mais ils ne sont pas signé dans mon label. Ils peuvent me conseiller sur comment placer ma voix, me donner des conseils mais sinon je suis vraiment autodidacte.

LMCB : Dans votre morceau « Parcours » dans le refrain vous dites « Perdu dans le brouillard, j’avançais à toute allure, seule la grâce de Jésus m’a libéré de mes blessures… », dites-nous quel a été le déclic pour votre conversion au christianisme ?

RKF : Le déclic a surtout été sur le plan personnel. Lorsque j’ai atteint l’âge de 19 ans, j’ai vraiment donné ma vie à Jésus car c’était une période où j’étais tombé en dépression. Mes soeurs étaient chrétiennes avant moi et une grande partie de ma famille aujourd’hui est chrétienne. Ce sont mes soeurs qui me demandaient de venir à l’église et à cet époque je croyais déjà en Jésus même si je n’étais pas encore pratiquant. Je pense juste que c’était pas le bon moment à cet époque là, car j’étais encore dans mes bêtises, mais je pense que dans la vie il y’a un moment pour tout et qu’il y’a eu des circonstances qui ont fait que je m’étais dit qu’il était temps de me rendre à l’église. D’ailleurs, le premier jour à l’église a été un changement radical pour moi et cela fait maintenant environ 16 ans que je vie avec sa foi et qu’il me bénit au quotidien.

LMCB : Cela nous rassure de vous entendre dire que votre famille était déjà dans le christianisme avant votre conversion, car généralement en Afrique de l’ouest et au Mali la religion principale est l’Islam, donc nous pensions que peut-être votre famille n’allait pas comprendre votre choix.

RKF : Cela se passe bien, l’évangile était déjà rentré dans ma famille et j’ai vu les changements s’opéré sur mes soeurs, cela m’a alors intéressée et c’est devenue comme une évidence.

LMCB : Avez-vous un public que vous souhaitez particulièrement cibler (que cela soit le genre, la tranche d’âge…) ?

RKF : Non, je n’ai pas de stratégie. Pour moi la musique c’est pour tout le monde. Je pense que quand on chante pour Dieu et qu’on transmet un message d’espoir, cela peut parler à tout le monde. Exemple : quelqu’un qui prépare son diplôme et qui a besoin de soutient, quelqu’un qui est dans le sport et qui doit persévérer. Je souhaite diffuser un message positif pour tout le monde.

LMCB : Pour l’instant vous n’avez publié que des audios, avez-vous des projets de réaliser des clips ?

RKF : Bien sûr j’ai des projets de réaliser des clips mais pas dans l’immédiat. Je souhaite d’abord que les auditeurs découvre mon univers musical avant de voir ma tête, j’ai un peu de pudeur par rapport à ça. Je veux d’abord que les gens m’écoutent avant de me voir au niveau visuel !

LMCB : Quel est votre regard sur la musique gospel actuelle ? Et quels sont vos artistes préférés ?

RKF : Je trouve que c’est un mouvement qui est très actif et rénovateur. C’est une musique très créative, on peut retrouver du gospel pour tous les âges et dans différents styles comme le rap, le zouk, le reggae… Et ça fait du bien, toujours dans cet objectif de glorifier Dieu, de ramener de la joie dans le coeur des gens. Si ça peut changer la vie de personnes qui sont dans des dépressions, des mauvaises situations, j’apprécie tout ce qui est positif.

Côté artistes je suis vraiment à l’ancienne, j’aime le groupe « Adorons L’Eternel », ils ont vraiment touché mon coeur.

LMCB : Comment arrivez-vous à concilier votre vie de famille et votre musique ?

RKF : C’est évident que ce n’est pas facile du tout, parfois sur mon jour de repos il m’arrive que je pars au studio il est 10 du matin et je reviens à la maison vers 00h et pendant toute la journée je ne vois pas mes enfants. Parfois même c’est juste un morceau et le morceau lui-même n’est pas encore bien finalisé… Il y’aura des moments où on avancera à petits pas et d’autres à grands pas, mais le plus important c’est d’avancer. Aujourd’hui je suis content parce que ma fille connaît mes chansons par coeur. Quand on est dans la voiture, elle réclame mes chansons, c’est d’ailleurs ma première fan !

Interview réalisé par téléphone début décembre 2022.

Nous remercions chaleureusement l’artiste pour le temps accordé et sa confiance envers le média LMCB.

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